Discussion utilisateur:Gouvernance : Différence entre versions

De WIKIACA
Aller à : navigation, rechercher
(Gouvernance : nouvelle section)
 
m (Centre de formation populaire a déplacé la page Discussion utilisateur:Centre de formation populaire vers Discussion utilisateur:Gouvernance)
(Aucune différence)

Version du 23 novembre 2016 à 15:10

Gouvernance

Gouvernance n. f.

• 1478; « gouvernement » XIIIe; de gouverner Petit Robert

Vision d'Alain Deneault, tiré d'un article de: Michel Lapierre, Le Devoir sur le livre: La gouvernance, Le management totalitaire, paru chez Lux en 2013

Alain Deneault docteur en philosophie de l’Université Paris-VIII


Dans les années 1980, les technocrates de Margaret Thatcher ont habillé du joli nom de « gouvernance » le projet d’adapter l’État aux intérêts et à la culture de l’entreprise privée. Ce coup d’État conceptuel va travestir avec succès la sauvagerie néo¬libérale en modèle de « saine gestion ». Nous en ferons collecti¬vement les frais : dérèglementation de l’économie, privatisation des services publics, clientélisation du citoyen, mise au pas des syndicats... ce sera désormais cela gouverner. Appliquée sur un mode gestionnaire ou commercial par des groupes sociaux représentant des intérêts divers, la ¬gouvernance prétend à un art de la gestion pour elle-même. Entrée dans les mœurs, évoquée aujourd’hui à toute occasion et de tous bords de l’échiquier politique, sa plasticité opportune tend à remplacer les vieux vocables de la politique.

Alain Deneault, philosophe québécois de la politique établit avec finesse que le mot « gouvernance », popularisé par les technocrates de Margaret Thatcher, suggère une privatisation néolibérale de l’État. Pourquoi le préférer aux termes gouvernement ou politique ? C’est la question que pose cet insidieux ouvrage.



Le mot gouvernance par Bernard Cassen, Le monde Diplomatique, juin 2001

Choisir le terme « gouvernance » n’est pas le fruit du hasard, tant le terme a en effet une histoire chargée. Utilisé en ancien français au XIIIe siècle comme équivalent de « gouvernement » (l’art et la manière de gouverner), il passe en anglais (governance) au siècle suivant avec la même signification. Puis il tombe en désuétude. Son grand retour s’effectue à la fin des années 1980 dans le discours de la Banque mondiale, repris par les autres agences de coopération, le Fonds monétaire international (FMI) et par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). La « bonne gouvernance », explique Marie-Claude Smouts, directrice de recherche au CNRS, c’est « un outil idéologique pour une politique de l’Etat minimum ». Un Etat où, selon Ali Kazancigil, directeur de la division des sciences sociales, de la recherche et des politiques à l’Unesco, « l’administration publique a pour mission non plus de servir l’ensemble de la société, mais de fournir des biens et des services à des intérêts sectoriels et à des clients-consommateurs, au risque d’aggraver les inégalités entre les citoyens et entre les régions du pays ». En bref, l’habillage institutionnel des plans d’ajustement structurel et du « consensus de Washington». Dans un autre domaine, celui de l’entreprise, la corporate governance, ou « gouvernement d’entreprise », est la nouvelle dénomination de la dictature des actionnaires, qui aboutit aux licenciements de convenance boursière dans des firmes pourtant prospères comme la division LU de Danone.

La gouvernance par : Ianik Marcil, Les Passagers Clandestins, Éditions, Somme toute, 2e trimestre 2016, p. 125

La rhétorique gestionnaire réinvente des termes techniques propres à la vie politique édulcorant la perception que nous avons du fonctionnement de l’entreprise. Celui qui a probablement le plus de succès au cours des dernières années est sans aucun doute la gouvernance. Toute entreprise, petite ou grande, toute organisation, coopérative, ONG, organisme communautaire ou culturel se doit d’adopter des règles de gouvernance afin d’assurer une plus grande transparence de sa gestion. Que signifie ce terme, réellement? Strictement rien. Il s’agit d’un terme autoréférentiel qui tourne à vide. Il est probablement le degré ultime de l’enfumage politico-économique.


La gouvernance démocratique

Une définition de la gouvernance démocratique serait ainsi formulée  :

La gouvernance est l’ensemble des règles et des processus collectifs, formalisés ou non, par lequel les acteurs concernés participent à la décision et à la mise en œuvre des actions publiques. Ces règles et ces processus, comme les décisions qui en découlent, sont le résultat d’une négociation constante entre les multiples acteurs impliqués. Cette négociation, en plus d’orienter les décisions et les actions, facilite le partage de la responsabilité entre l’ensemble des acteurs impliqués, possédant chacun une certaine forme de pouvoir.

La gouvernance : tenter une définition Par Isabelle Lacroix et Pier-Olivier St-Arnaud * Université de Sherbrooke

Notre définition de la gouvernance serait ainsi formulée :

La gouvernance est l’ensemble des règles et des processus collectifs, formalisés ou non, par lequel les acteurs concernés participent à la décision et à la mise en œuvre des actions publiques. Ces règles et ces processus, comme les décisions qui en découlent, sont le résultat d’une négociation constante entre les multiples acteurs impliqués. Cette négociation, en plus d’orienter les décisions et les actions, facilite le partage de la responsabilité entre l’ensemble des acteurs impliqués, possédant chacun une certaine forme de pouvoir.