Discussion utilisateur:Gouvernance

De WIKIACA
Aller à : navigation, rechercher

Gouvernance

Gouvernance n. f.

• 1478; « gouvernement » XIIIe; de gouverner Petit Robert


La gouvernance : tenter une définition par Isabelle Lacroix et Pier-Olivier St-Arnaud - Université de Sherbrooke

La gouvernance est l’ensemble des règles et des processus collectifs, formalisés ou non, par lequel les acteurs concernés participent à la décision et à la mise en œuvre des actions publiques. Ces règles et ces processus, comme les décisions qui en découlent, sont le résultat d’une négociation constante entre les multiples acteurs impliqués. Cette négociation, en plus d’orienter les décisions et les actions, facilite le partage de la responsabilité entre l’ensemble des acteurs impliqués, possédant chacun une certaine forme de pouvoir.

En quoi l'approche de la gouvernance démocratique peut-elle répondre aux enjeux et défis des organisations

tiré de la boite à outils du CSMO ESAC sur la gouvernance démocratique

Parce qu’elle se fonde sur des stratégies de participation, de partenariat et d’apprentissage collectif, la gouvernance démocratique est bien adaptée pour répondre aux problèmes de la vie associative. Concrètement, elle permet :

- la régulation dans les prises de décisions qui sont le résultat de la confrontation des différents intérêts des acteurs (membres, personnes utilisatrices, personnel, gestionnaires, personnes administratrices, partenaires); - l’amélioration de la communication entre les membres par la mise en place de procédures d’échanges, de concertation et de la délibération; - l’amélioration de la mobilisation des membres autour de la mission de l’organisation; - l’augmentation de la motivation des membres à s’impliquer dans l’organisation; - le développement de la capacité d’agir des membres dans l’organisation; - la prise en compte des environnements externe et interne par la mise en place de procédures de planification stratégique et d’évaluation des actions engagées.

La gouvernance démocratique se présente donc comme le modèle le plus approprié au secteur de l’action communautaire et de l’économie sociale, car elle respecte la répartition des rôles et des responsabilités tout en appliquant les principes démocratiques des organisations. À la différence du modèle de gouvernance stratégique (Malenfant, 1999), qui se concentre sur les pratiques de supervision et de contrôle du conseil d’administration et de la direction/coordination, elle implique les membres (personnes utilisatrices, bénévoles) et le personnel dans la définition de la stratégie et du contrôle dans l’organisation. Si elle semble correspondre le mieux aux besoins des organisations actuelles, il ne s’agit toutefois pas de l’appliquer de façon mécanique, sans tenir compte des particularités de chacune des organisations : - le secteur d’activité; - l’environnement immédiat (contraintes du secteur); - les exigences des bailleurs de fonds; - la taille de l’organisation et le nombre de membres et d’employé(e)s; - l’histoire et la culture de l’organisation.

Vision d'Alain Deneault, tiré d'un article de: Michel Lapierre, Le Devoir sur le livre: La gouvernance, Le management totalitaire, paru chez Lux en 2013

Alain Deneault docteur en philosophie de l’Université Paris-VIII

Dans les années 1980, les technocrates de Margaret Thatcher ont habillé du joli nom de « gouvernance » le projet d’adapter l’État aux intérêts et à la culture de l’entreprise privée. Ce coup d’État conceptuel va travestir avec succès la sauvagerie néo¬libérale en modèle de « saine gestion ». Nous en ferons collecti¬vement les frais : dérèglementation de l’économie, privatisation des services publics, clientélisation du citoyen, mise au pas des syndicats... ce sera désormais cela gouverner. Appliquée sur un mode gestionnaire ou commercial par des groupes sociaux représentant des intérêts divers, la ¬gouvernance prétend à un art de la gestion pour elle-même. Entrée dans les mœurs, évoquée aujourd’hui à toute occasion et de tous bords de l’échiquier politique, sa plasticité opportune tend à remplacer les vieux vocables de la politique.

Alain Deneault, philosophe québécois de la politique établit avec finesse que le mot « gouvernance », popularisé par les technocrates de Margaret Thatcher, suggère une privatisation néolibérale de l’État. Pourquoi le préférer aux termes gouvernement ou politique ? C’est la question que pose cet insidieux ouvrage.

Le mot gouvernance par Bernard Cassen, Le monde Diplomatique, juin 2001

Choisir le terme « gouvernance » n’est pas le fruit du hasard, tant le terme a en effet une histoire chargée. Utilisé en ancien français au XIIIe siècle comme équivalent de « gouvernement » (l’art et la manière de gouverner), il passe en anglais (governance) au siècle suivant avec la même signification. Puis il tombe en désuétude. Son grand retour s’effectue à la fin des années 1980 dans le discours de la Banque mondiale, repris par les autres agences de coopération, le Fonds monétaire international (FMI) et par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). La « bonne gouvernance », explique Marie-Claude Smouts, directrice de recherche au CNRS, c’est « un outil idéologique pour une politique de l’Etat minimum ». Un Etat où, selon Ali Kazancigil, directeur de la division des sciences sociales, de la recherche et des politiques à l’Unesco, « l’administration publique a pour mission non plus de servir l’ensemble de la société, mais de fournir des biens et des services à des intérêts sectoriels et à des clients-consommateurs, au risque d’aggraver les inégalités entre les citoyens et entre les régions du pays ». En bref, l’habillage institutionnel des plans d’ajustement structurel et du « consensus de Washington». Dans un autre domaine, celui de l’entreprise, la corporate governance, ou « gouvernement d’entreprise », est la nouvelle dénomination de la dictature des actionnaires, qui aboutit aux licenciements de convenance boursière dans des firmes pourtant prospères comme la division LU de Danone.

La gouvernance par : Ianik Marcil, Les Passagers Clandestins, Éditions, Somme toute, 2e trimestre 2016, p. 125

La rhétorique gestionnaire réinvente des termes techniques propres à la vie politique édulcorant la perception que nous avons du fonctionnement de l’entreprise. Celui qui a probablement le plus de succès au cours des dernières années est sans aucun doute la gouvernance. Toute entreprise, petite ou grande, toute organisation, coopérative, ONG, organisme communautaire ou culturel se doit d’adopter des règles de gouvernance afin d’assurer une plus grande transparence de sa gestion. Que signifie ce terme, réellement? Strictement rien. Il s’agit d’un terme autoréférentiel qui tourne à vide. Il est probablement le degré ultime de l’enfumage politico-économique.