Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) : Différence entre versions

De WIKIACA
Aller à : navigation, rechercher
(Page créée avec « '''Description:''' ''À compléter...'' <br /> == Historique: == <br /> ''À compléter...'' <br/> == Principales réalisations/événements marquants == <br /> ''À compl... »)
 
Ligne 1 : Ligne 1 :
'''Description:''' ''À compléter...''
+
'''Description:'''
<br />
+
 
 +
'''Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec''' '''(RRASMQ)''' regroupe et représente des organismes communautaires qui adhèrent à une approche alternative en santé mentale.
 +
 
 +
Depuis sa fondation en 1983, le RRASMQ contribue à l'émergence d'un mouvement d'affirmation et d'innovation sociale lié à une vision différente de la santé mentale et des personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale.
 +
 
 +
C’est grâce à l'alliance de groupes de personnes ayant un vécu psychiatrique et d'organismes divers engagés notamment dans la défense de droits et dans le développement de pratiques alternatives qu'est né le RRASMQ. Les personnes qui composaient ces organismes, membres et intervenants, partageaient une vision positive de la santé mentale, proposaient des alternatives à la psychiatrie et redonnaient une place citoyenne aux personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale dans la société.
 +
 
 +
== La mission ==
 +
Regrouper les ressources alternatives en santé mentale et les soutenir dans leur mission d'organismes communautaires autonomes tout en faisant la promotion de la philosophie alternative en santé mentale et en valorisant des pratiques alternatives diversifiées.
 +
 
 
== Historique: ==
 
== Historique: ==
<br />
+
Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec s’inscrit historiquement dans un courant de contestation et de remise en question des traitements offerts en psychiatrie et contribue à l’émergence d’un mouvement d’affirmation et d’innovation lié à une vision différente de la santé mentale et des personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale.
 +
 
 +
Ayant émergé à la fin des années 1970, suite à la désinstitutionnalisation, le mouvement alternatif québécois en santé mentale s’est inspiré d’un courant nord-américain de remise en question de la domination de la psychiatrie sur la vision et le traitement des problèmes de santé mentale appelé l’antipsychiatrie<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Antipsychiatrie</ref>. « Le mouvement alternatif québécois de la santé mentale s’est historiquement inspiré de plusieurs courants idéologiques de remise en question et de revendications. '''Une première influence''' provient du courant de l'antipsychiatrie qui a débuté en Europe et en Amérique du Nord durant les années 1950 et 1960. Ce courant de pensée a radicalement remis en cause les fondements de la psychiatrie dite « moderne ». Porté surtout par les professionnels de la santé, il remettait en question la biopsychiatrie, c’est-à-dire les pratiques psychiatriques basées seulement sur le modèle médical. '''Une deuxième influence''' découle directement du mouvement américain de défense de droits des personnes psychiatrisées appelé le mouvement des « survivors ». Composés et portés principalement par les personnes ayant connu la psychiatrie, les groupes rattachés à ce mouvement dénonçaient et contestaient fortement les abus du système psychiatrique sur les individus. Enfin, '''une troisième influence''' du mouvement alternatif appartient au mouvement communautaire québécois qui s’est développé à travers l’émergence de plusieurs groupes sociaux tels que les groupes des femmes, d’éducation populaire, de défense de droits individuels et collectifs, des jeunes, etc.
 +
 
 +
'''La philosophie alternative portée par le RRASMQ a émergé d’un partage de vision entre des groupes d’entraide porteurs de la défense de droits formés de personnes ayant connu la psychiatrie et des ressources proposant différentes formes de traitement alternatif. Ces groupes contestaient tous l’enfermement psychiatrique et l’enfermement chimique comme réponse à la souffrance.'''
 +
 
 +
C’est grâce aux alliances historiques de groupes de personnes ayant un vécu psychiatrique et d’organismes divers engagés notamment dans la défense de droits qu’est né le RRASMQ en 1983. '''Dix-huit groupes participaient à l’assemblée de fondation qui s’est tenue le 18 juin 1983.''' Ensemble, ces ressources partageaient et proposaient une vision différente de la folie, des soins et des traitements offerts en psychiatrie. Elles ont largement contribué à faire entendre la voix et élargir l’espace occupé dans la société par les personnes ayant connu la psychiatrie. Les personnes qui composaient ces organismes partageaient et proposaient une vision différente de la santé mentale, des soins et des traitements offerts en psychiatrie ainsi que de la place qu’occupent les personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale dans la société.
 +
 
 +
Dès 1983, les ressources alternatives vont se multiplier dans l’ensemble du Québec et le fait de se regrouper entre ressources différentes et de créer des alliances va solidariser le mouvement alternatif et faire progressivement émerger un sentiment d’identité et d’appartenance autour d’une vision alternative et d’un partage de valeurs communes. Même si de nombreux efforts ont été consentis dans l’amélioration de la qualité des services en santé mentale, le mode de pensée médical est encore et toujours largement dominant en psychiatrie. Les ressources alternatives sur le terrain et le Regroupement travaille à stimuler la réflexion et à organiser l’action de façon soutenue afin d’occuper un rôle majeur de « contre poids » et à porter une vision plus positive et appropriée de la santé mentale.
 +
 
 +
Aujourd’hui, le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) compte plus d’une centaine d’organismes communautaires répartis sur l’ensemble du territoire du Québec. Ses membres réguliers sont des groupes d’aide et d’entraide, de promotion vigilance au niveau des droits, des ressources d’hébergement communautaires, des centres d’intervention de crise et des ressources de traitement alternatif. Ses membres affiliés sont des regroupements régionaux d’organismes communautaires alternatifs en santé mentale d’autres organismes communautaires qui adhèrent à la vision et aux principes de l’Alternative en santé mentale. Ces groupes visent à favoriser l’émergence d’une diversité de pratiques alternatives en santé mentale et à alimenter un mouvement social communautaire en santé mentale. Ils ont également une mission en action communautaire autonome favorisant la transformation sociale et faisant preuve de pratiques citoyennes.
 +
 
 +
« Tout en privilégiant dans l’approche qu’il prône en matière d’intervention, l’entraide entre pairs, l’accueil, la chaleur humaine, le support émotionnel ainsi que la capacité pour une personne d’accéder progressivement à l’autonomie affective et matérielle, le RRAMSQ est marqué par le pluralisme des idées qu’il s’attache à mettre en œuvre. Il présente un éclectisme de bon aloi fondé sur une expérience enrichie aujourd’hui, par plus de vingt ans de pratique « sur le terrain ». Ainsi, si on retrouve dans l’ensemble des formes d’intervention proposées au sein du Regroupement, des approches aussi variées que l’intervention féministe, l’approche humaniste, l’approche cognitiviste ou behaviorale, ou encore, la marque de la théorie psychanalytique, ce qui y est le plus « alternatif », n’est pas tant une théorie qui serait sous-jacente à ces interventions diverses, mais le fait de rendre accessible à une population isolée relationnellement, le plus souvent financièrement démunie et psychiquement très souffrante, une démarche personnelle, soutenue par des formes de supports militants et des accompagnements à fonction psychothérapique. »
 +
 
 
''À compléter...''
 
''À compléter...''
<br/>
+
 
 +
= La santé mentale et [http://www.rrasmq.com/publications/Philosophie_Histoire_Pratiques/Promotion_Alternative.pdf l’Alternative] =
 +
 
 +
== Notre vision de la santé mentale ==
 +
'''La santé mentale''' est un état d'équilibre psychique d’une personne à un moment donné, qui se caractérise par un niveau de bien-être subjectif, l'exercice des capacités mentales et les qualités des relations avec le milieu.
 +
 
 +
'''La santé mentale''' est influencée par les conditions économiques, sociales, culturelles, environnementales et politiques, des facteurs psychologiques, liés aux aspects cognitifs, affectifs et relationnels et des facteurs biologiques, relatifs aux caractéristiques génétiques et physiologiques de la personne.
 +
 
 +
'''La santé mentale''' peut également être considérée comme une ressource collective, à laquelle contribuent tout autant les institutions sociales et la communauté entière que les personnes considérées individuellement.
 +
 
 +
'''Notre vision de la santé mentale''' est positive et dynamique. Les états de détresse et de déséquilibres sont considérés comme normaux et font partie de l’existence humaine. Les moments de vulnérabilité et de souffrance sont perçus comme des expériences d’enrichissement à travers lesquelles la personne peut se développer et grandir.
 +
 
 +
== L’Alternative en santé mentale ==
 +
'''L’Alternative,''' c’est d’abord et avant tout une philosophie, une vision du monde, un « autre » regard porté sur la santé mentale et sur les personnes qui vivent ou qui ont vécu des problèmes de santé mentale.
 +
 
 +
'''L’Alternative,''' c’est également une attitude commune de respect des personnes usagères, de leur histoire personnelle et de leur réalité à travers une vision positive et non pathologique de la santé mentale.
 +
 
 +
'''L’Alternative''' repose sur la croyance que la solidarité entre les individus et la participation à une communauté contribuent au mieux-être. Elle croit également que toute communauté possède un potentiel actualisant pour les personnes.
 +
 
 +
'''L’Alternative''' remet en question la culture biomédicale de la santé mentale, qui considère surtout la maladie plutôt que la santé. Elle demeure critique face aux savoirs médicaux, aux modèles de réadaptation et aux traitements utilisés en psychiatrie.
 +
 
 +
'''L’Alternative''' questionne la culture sociale qui met l’emphase sur la performance et la productivité des individus. Elle inscrit ses actions dans le mouvement communautaire autonome.
 +
 
 +
== L’Ailleurs et l’Autrement ==
 +
« '''''Ailleurs et autrement''''' » est le slogan du mouvement alternatif en santé mentale au Québec. Il est inspiré du discours des partisans de la désinstitutionalisation et signifie une volonté de développer des ressources ailleurs que dans les asiles et des pratiques différentes de celles des institutions psychiatriques.<br />
 
== Principales réalisations/événements marquants ==
 
== Principales réalisations/événements marquants ==
 +
 +
'''IMPLICATION DANS LES LUTTES POLITIQUES ET SOCIALES DU QUÉBEC'''
 +
 +
Depuis sa création en 1983, le RRASMQ s’est impliqué dans beaucoup de luttes politiques et sociales qui ont marqué l’histoire du Québec contemporain. Relever le défi de rassembler des organismes communautaires désireux d’explorer des alternatives aux thérapies psychiatriques conventionnelles en santé mentale et de créer une alliance historique entre personnes usagères et personnes intervenantes fut en soi un geste politique et social important. Il allait inspirer une volonté de transformer le système de santé et de services sociaux en permettant aux organismes communautaires et aux citoyennes et citoyens qui les constituaient de prendre une parole organisée et de revendiquer davantage de démocratie dans l’administration des institutions publiques.
 +
 +
'''De 1983 à 1993''', le RRASMQ s’implique activement dans les débats sur la réforme du système de santé et de services sociaux :
 +
 +
1) Le RRASMQ participe à la Commission d’enquête sur les services de santé et les services sociaux présidée par Jean Rochon. Le Rapport Rochon parait en 1988 et c’est la première grande réforme du système de santé et de services sociaux. Par la suite, le Regroupement fera entendre son point de vue sur chacune des réformes du système de santé et de services sociaux québécois.
 +
 +
2) 1986-1987, « Dire autrement la folie » : Participation ou initiation de projets culturels (Folie-Culture, Tournée du Grand Monde, Êtes-vous timbrés ?).
 +
 +
3) De 1987 à 1989, le RRASMQ contribue à l’élaboration de la Politique de santé mentale qui verra le jour en 1989.
 +
 +
4) En 1989, en collaboration avec COSAME , le RRASMQ organise le colloque « Pauvreté et santé mentale : un silence troublant ! »
 +
 +
5) En 1989, le RRASMQ organise le colloque « Ailleurs et autrement au Canada ».
 +
 +
6) En 1990, le RRASMQ participe aux consultations sur le mandat,  les orientations, les activités et la gestion du protecteur du citoyen.
 +
 +
7) En 1990, le RRASMQ tient le colloque « Le défi d’être alternatif. Les ressources alternatives et la Politique de santé mentale ».
 +
 +
8) En 1992, le RRASMQ organise un colloque sur le thème « Élargir l’espace alternatif en santé mentale ! »
 +
 +
'''De 1993 à 2003''', le RRASMQ s’unit à d’autres mouvements sociaux :
 +
 +
9) En 1993, à l’occasion de son 10e anniversaire, le RRASMQ place « l’entraide au cœur des réflexions sur l’alternative au Québec ».
 +
 +
10) En 1994, le RRASMQ tient un colloque sur les pratiques alternatives en santé mentale « Ailleurs, mission presque accomplie ! Mais qu’en est-il de l’autrement ? »
 +
 +
11) En 1996, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ tiennent le colloque « Institutionnalisation / désinstitutionnalisation dans un virage fou »
 +
 +
12) En 1997, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ dénoncent la volonté gouvernementale de permettre l’élargissement des mesures de contrôle des personnes vivant un problème de santé mentale.
 +
 +
13) 1997-1998, le RRASMQ participe à l’évaluation de la mise en œuvre de la Politique de santé mentale ,  et organise un colloque sur les « Enjeux éthiques du virage communautaire en santé mentale : la place des usagers et le pluralisme des pratiques ».
 +
 +
14) 1998, le RRASMQ adopte un Programme de gestion autonome de la médication et débute un projet-pilote d’accompagnement à la gestion autonome de la médication. En 2002, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ lanceront « Gestion autonome des médicaments de l’âme : Mon guide personnel ».
 +
 +
15) En 2000, le RRASMQ participe à la rédaction de la revue Santé mentale au Québec portant sur « Les ressources alternatives de traitement ».
 +
 +
16) 2000-2001, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ organisent une journée de réflexion sur le Plan de transformation des services de santé mentale au Québec.
 +
 +
17) 2000-2001, le comité « Femmes et santé mentale » du RRASMQ mobilise autour de la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence faite aux femmes. Le RRASMQ participe aussi aux mobilisations sociales et aux consultations sur le projet de loi 112 visant à éliminer la pauvreté et l’exclusion sociale.
 +
 +
'''De 2003 à aujourd’hui''', le RRASMQ s’implique dans la reconnaissance des déterminants socioéconomiques de la santé et sur l’importance des pratiques alternatives citoyennes en santé mentale.
 +
 +
18) En 2005, le RRASMQ participe aux consultations gouvernementales pour l’instauration d’une politique du médicament.
 +
 +
19) En 2007, le RRASMQ, l’AGIDD-SMQ et Érasme organisent un Forum international communautaire, scientifique et clinique sur les pratiques de Gestion autonome des médicaments de l’âme, « Les psychotropes, une réponse à la souffrance ? »
 +
 +
20) En 2010, le RRASMQ tient une rencontre nationale sur « Le soutien dans une approche alternative… des pratiques diversifiées pour et avec les personnes dans leur communauté » et en 2011, le RRASMQ tient une rencontre sur les pratiques alternatives en matière de logement « Habiter dans la communauté ».
 +
 +
21) En 2012, le RRASMQ lance, avec d’autres organisations communautaires en santé mentale, un appel au Gouvernement du Québec pour « faire des déterminants socioéconomiques de la santé un fil conducteur de travail et d’intervention afin de combler le fossé en une génération. »
 +
 +
22) En 2012, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ organise un colloque sur «Les Droits, l’Ailleurs et l’Autrement : Au cœur de nos principes… Au cœur de nos pratiques!». Suite à ce colloque, les assemblées générales des deux regroupements adoptent une déclaration commune « Pour un mouvement social alternatif en santé mentale ».
 +
 +
23) En 2011-2012, le RRASMQ participe aux consultations du Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) sur l’appréciation de la performance du système de santé et de services sociaux en santé mentale, « Pour plus d’équité et de résultats en santé mentale au Québec ». En 2013, il émet un avis « Des constats intéressants... Des recommandations décevantes !» sur le rapport du CSBE.
 +
 +
24) En 2016, le RRASMQ soumet un mémoire « Agir sur la pauvreté et l’exclusion… Agir la santé mentale » dans le cadre de la consultation publique en matière de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale.
 +
 +
25) Depuis 2013, le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale de l’OMS, le RRASMQ organise des activités de sensibilisation et de visibilité pour faire connaitre la philosophie et les pratiques de l’Alternative en santé mentale.
 +
 
<br />
 
<br />
 
''À compléter...''
 
''À compléter...''
<br/>
+
<br />
 
== Membres, instances ou structures et représentations ==
 
== Membres, instances ou structures et représentations ==
 
<br />
 
<br />

Version du 31 mars 2017 à 10:56

Description:

Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) regroupe et représente des organismes communautaires qui adhèrent à une approche alternative en santé mentale.

Depuis sa fondation en 1983, le RRASMQ contribue à l'émergence d'un mouvement d'affirmation et d'innovation sociale lié à une vision différente de la santé mentale et des personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale.

C’est grâce à l'alliance de groupes de personnes ayant un vécu psychiatrique et d'organismes divers engagés notamment dans la défense de droits et dans le développement de pratiques alternatives qu'est né le RRASMQ. Les personnes qui composaient ces organismes, membres et intervenants, partageaient une vision positive de la santé mentale, proposaient des alternatives à la psychiatrie et redonnaient une place citoyenne aux personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale dans la société.

La mission

Regrouper les ressources alternatives en santé mentale et les soutenir dans leur mission d'organismes communautaires autonomes tout en faisant la promotion de la philosophie alternative en santé mentale et en valorisant des pratiques alternatives diversifiées.

Historique:

Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec s’inscrit historiquement dans un courant de contestation et de remise en question des traitements offerts en psychiatrie et contribue à l’émergence d’un mouvement d’affirmation et d’innovation lié à une vision différente de la santé mentale et des personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale.

Ayant émergé à la fin des années 1970, suite à la désinstitutionnalisation, le mouvement alternatif québécois en santé mentale s’est inspiré d’un courant nord-américain de remise en question de la domination de la psychiatrie sur la vision et le traitement des problèmes de santé mentale appelé l’antipsychiatrie[1]. « Le mouvement alternatif québécois de la santé mentale s’est historiquement inspiré de plusieurs courants idéologiques de remise en question et de revendications. Une première influence provient du courant de l'antipsychiatrie qui a débuté en Europe et en Amérique du Nord durant les années 1950 et 1960. Ce courant de pensée a radicalement remis en cause les fondements de la psychiatrie dite « moderne ». Porté surtout par les professionnels de la santé, il remettait en question la biopsychiatrie, c’est-à-dire les pratiques psychiatriques basées seulement sur le modèle médical. Une deuxième influence découle directement du mouvement américain de défense de droits des personnes psychiatrisées appelé le mouvement des « survivors ». Composés et portés principalement par les personnes ayant connu la psychiatrie, les groupes rattachés à ce mouvement dénonçaient et contestaient fortement les abus du système psychiatrique sur les individus. Enfin, une troisième influence du mouvement alternatif appartient au mouvement communautaire québécois qui s’est développé à travers l’émergence de plusieurs groupes sociaux tels que les groupes des femmes, d’éducation populaire, de défense de droits individuels et collectifs, des jeunes, etc.

La philosophie alternative portée par le RRASMQ a émergé d’un partage de vision entre des groupes d’entraide porteurs de la défense de droits formés de personnes ayant connu la psychiatrie et des ressources proposant différentes formes de traitement alternatif. Ces groupes contestaient tous l’enfermement psychiatrique et l’enfermement chimique comme réponse à la souffrance.

C’est grâce aux alliances historiques de groupes de personnes ayant un vécu psychiatrique et d’organismes divers engagés notamment dans la défense de droits qu’est né le RRASMQ en 1983. Dix-huit groupes participaient à l’assemblée de fondation qui s’est tenue le 18 juin 1983. Ensemble, ces ressources partageaient et proposaient une vision différente de la folie, des soins et des traitements offerts en psychiatrie. Elles ont largement contribué à faire entendre la voix et élargir l’espace occupé dans la société par les personnes ayant connu la psychiatrie. Les personnes qui composaient ces organismes partageaient et proposaient une vision différente de la santé mentale, des soins et des traitements offerts en psychiatrie ainsi que de la place qu’occupent les personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale dans la société.

Dès 1983, les ressources alternatives vont se multiplier dans l’ensemble du Québec et le fait de se regrouper entre ressources différentes et de créer des alliances va solidariser le mouvement alternatif et faire progressivement émerger un sentiment d’identité et d’appartenance autour d’une vision alternative et d’un partage de valeurs communes. Même si de nombreux efforts ont été consentis dans l’amélioration de la qualité des services en santé mentale, le mode de pensée médical est encore et toujours largement dominant en psychiatrie. Les ressources alternatives sur le terrain et le Regroupement travaille à stimuler la réflexion et à organiser l’action de façon soutenue afin d’occuper un rôle majeur de « contre poids » et à porter une vision plus positive et appropriée de la santé mentale.

Aujourd’hui, le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) compte plus d’une centaine d’organismes communautaires répartis sur l’ensemble du territoire du Québec. Ses membres réguliers sont des groupes d’aide et d’entraide, de promotion vigilance au niveau des droits, des ressources d’hébergement communautaires, des centres d’intervention de crise et des ressources de traitement alternatif. Ses membres affiliés sont des regroupements régionaux d’organismes communautaires alternatifs en santé mentale d’autres organismes communautaires qui adhèrent à la vision et aux principes de l’Alternative en santé mentale. Ces groupes visent à favoriser l’émergence d’une diversité de pratiques alternatives en santé mentale et à alimenter un mouvement social communautaire en santé mentale. Ils ont également une mission en action communautaire autonome favorisant la transformation sociale et faisant preuve de pratiques citoyennes.

« Tout en privilégiant dans l’approche qu’il prône en matière d’intervention, l’entraide entre pairs, l’accueil, la chaleur humaine, le support émotionnel ainsi que la capacité pour une personne d’accéder progressivement à l’autonomie affective et matérielle, le RRAMSQ est marqué par le pluralisme des idées qu’il s’attache à mettre en œuvre. Il présente un éclectisme de bon aloi fondé sur une expérience enrichie aujourd’hui, par plus de vingt ans de pratique « sur le terrain ». Ainsi, si on retrouve dans l’ensemble des formes d’intervention proposées au sein du Regroupement, des approches aussi variées que l’intervention féministe, l’approche humaniste, l’approche cognitiviste ou behaviorale, ou encore, la marque de la théorie psychanalytique, ce qui y est le plus « alternatif », n’est pas tant une théorie qui serait sous-jacente à ces interventions diverses, mais le fait de rendre accessible à une population isolée relationnellement, le plus souvent financièrement démunie et psychiquement très souffrante, une démarche personnelle, soutenue par des formes de supports militants et des accompagnements à fonction psychothérapique. »

À compléter...

La santé mentale et l’Alternative

Notre vision de la santé mentale

La santé mentale est un état d'équilibre psychique d’une personne à un moment donné, qui se caractérise par un niveau de bien-être subjectif, l'exercice des capacités mentales et les qualités des relations avec le milieu.

La santé mentale est influencée par les conditions économiques, sociales, culturelles, environnementales et politiques, des facteurs psychologiques, liés aux aspects cognitifs, affectifs et relationnels et des facteurs biologiques, relatifs aux caractéristiques génétiques et physiologiques de la personne.

La santé mentale peut également être considérée comme une ressource collective, à laquelle contribuent tout autant les institutions sociales et la communauté entière que les personnes considérées individuellement.

Notre vision de la santé mentale est positive et dynamique. Les états de détresse et de déséquilibres sont considérés comme normaux et font partie de l’existence humaine. Les moments de vulnérabilité et de souffrance sont perçus comme des expériences d’enrichissement à travers lesquelles la personne peut se développer et grandir.

L’Alternative en santé mentale

L’Alternative, c’est d’abord et avant tout une philosophie, une vision du monde, un « autre » regard porté sur la santé mentale et sur les personnes qui vivent ou qui ont vécu des problèmes de santé mentale.

L’Alternative, c’est également une attitude commune de respect des personnes usagères, de leur histoire personnelle et de leur réalité à travers une vision positive et non pathologique de la santé mentale.

L’Alternative repose sur la croyance que la solidarité entre les individus et la participation à une communauté contribuent au mieux-être. Elle croit également que toute communauté possède un potentiel actualisant pour les personnes.

L’Alternative remet en question la culture biomédicale de la santé mentale, qui considère surtout la maladie plutôt que la santé. Elle demeure critique face aux savoirs médicaux, aux modèles de réadaptation et aux traitements utilisés en psychiatrie.

L’Alternative questionne la culture sociale qui met l’emphase sur la performance et la productivité des individus. Elle inscrit ses actions dans le mouvement communautaire autonome.

L’Ailleurs et l’Autrement

« Ailleurs et autrement » est le slogan du mouvement alternatif en santé mentale au Québec. Il est inspiré du discours des partisans de la désinstitutionalisation et signifie une volonté de développer des ressources ailleurs que dans les asiles et des pratiques différentes de celles des institutions psychiatriques.

Principales réalisations/événements marquants

IMPLICATION DANS LES LUTTES POLITIQUES ET SOCIALES DU QUÉBEC

Depuis sa création en 1983, le RRASMQ s’est impliqué dans beaucoup de luttes politiques et sociales qui ont marqué l’histoire du Québec contemporain. Relever le défi de rassembler des organismes communautaires désireux d’explorer des alternatives aux thérapies psychiatriques conventionnelles en santé mentale et de créer une alliance historique entre personnes usagères et personnes intervenantes fut en soi un geste politique et social important. Il allait inspirer une volonté de transformer le système de santé et de services sociaux en permettant aux organismes communautaires et aux citoyennes et citoyens qui les constituaient de prendre une parole organisée et de revendiquer davantage de démocratie dans l’administration des institutions publiques.

De 1983 à 1993, le RRASMQ s’implique activement dans les débats sur la réforme du système de santé et de services sociaux :

1) Le RRASMQ participe à la Commission d’enquête sur les services de santé et les services sociaux présidée par Jean Rochon. Le Rapport Rochon parait en 1988 et c’est la première grande réforme du système de santé et de services sociaux. Par la suite, le Regroupement fera entendre son point de vue sur chacune des réformes du système de santé et de services sociaux québécois.

2) 1986-1987, « Dire autrement la folie » : Participation ou initiation de projets culturels (Folie-Culture, Tournée du Grand Monde, Êtes-vous timbrés ?).

3) De 1987 à 1989, le RRASMQ contribue à l’élaboration de la Politique de santé mentale qui verra le jour en 1989.

4) En 1989, en collaboration avec COSAME , le RRASMQ organise le colloque « Pauvreté et santé mentale : un silence troublant ! »

5) En 1989, le RRASMQ organise le colloque « Ailleurs et autrement au Canada ».

6) En 1990, le RRASMQ participe aux consultations sur le mandat,  les orientations, les activités et la gestion du protecteur du citoyen.

7) En 1990, le RRASMQ tient le colloque « Le défi d’être alternatif. Les ressources alternatives et la Politique de santé mentale ».

8) En 1992, le RRASMQ organise un colloque sur le thème « Élargir l’espace alternatif en santé mentale ! »

De 1993 à 2003, le RRASMQ s’unit à d’autres mouvements sociaux :

9) En 1993, à l’occasion de son 10e anniversaire, le RRASMQ place « l’entraide au cœur des réflexions sur l’alternative au Québec ».

10) En 1994, le RRASMQ tient un colloque sur les pratiques alternatives en santé mentale « Ailleurs, mission presque accomplie ! Mais qu’en est-il de l’autrement ? »

11) En 1996, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ tiennent le colloque « Institutionnalisation / désinstitutionnalisation dans un virage fou »

12) En 1997, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ dénoncent la volonté gouvernementale de permettre l’élargissement des mesures de contrôle des personnes vivant un problème de santé mentale.

13) 1997-1998, le RRASMQ participe à l’évaluation de la mise en œuvre de la Politique de santé mentale ,  et organise un colloque sur les « Enjeux éthiques du virage communautaire en santé mentale : la place des usagers et le pluralisme des pratiques ».

14) 1998, le RRASMQ adopte un Programme de gestion autonome de la médication et débute un projet-pilote d’accompagnement à la gestion autonome de la médication. En 2002, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ lanceront « Gestion autonome des médicaments de l’âme : Mon guide personnel ».

15) En 2000, le RRASMQ participe à la rédaction de la revue Santé mentale au Québec portant sur « Les ressources alternatives de traitement ».

16) 2000-2001, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ organisent une journée de réflexion sur le Plan de transformation des services de santé mentale au Québec.

17) 2000-2001, le comité « Femmes et santé mentale » du RRASMQ mobilise autour de la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence faite aux femmes. Le RRASMQ participe aussi aux mobilisations sociales et aux consultations sur le projet de loi 112 visant à éliminer la pauvreté et l’exclusion sociale.

De 2003 à aujourd’hui, le RRASMQ s’implique dans la reconnaissance des déterminants socioéconomiques de la santé et sur l’importance des pratiques alternatives citoyennes en santé mentale.

18) En 2005, le RRASMQ participe aux consultations gouvernementales pour l’instauration d’une politique du médicament.

19) En 2007, le RRASMQ, l’AGIDD-SMQ et Érasme organisent un Forum international communautaire, scientifique et clinique sur les pratiques de Gestion autonome des médicaments de l’âme, « Les psychotropes, une réponse à la souffrance ? »

20) En 2010, le RRASMQ tient une rencontre nationale sur « Le soutien dans une approche alternative… des pratiques diversifiées pour et avec les personnes dans leur communauté » et en 2011, le RRASMQ tient une rencontre sur les pratiques alternatives en matière de logement « Habiter dans la communauté ».

21) En 2012, le RRASMQ lance, avec d’autres organisations communautaires en santé mentale, un appel au Gouvernement du Québec pour « faire des déterminants socioéconomiques de la santé un fil conducteur de travail et d’intervention afin de combler le fossé en une génération. »

22) En 2012, le RRASMQ et l’AGIDD-SMQ organise un colloque sur «Les Droits, l’Ailleurs et l’Autrement : Au cœur de nos principes… Au cœur de nos pratiques!». Suite à ce colloque, les assemblées générales des deux regroupements adoptent une déclaration commune « Pour un mouvement social alternatif en santé mentale ».

23) En 2011-2012, le RRASMQ participe aux consultations du Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) sur l’appréciation de la performance du système de santé et de services sociaux en santé mentale, « Pour plus d’équité et de résultats en santé mentale au Québec ». En 2013, il émet un avis « Des constats intéressants... Des recommandations décevantes !» sur le rapport du CSBE.

24) En 2016, le RRASMQ soumet un mémoire « Agir sur la pauvreté et l’exclusion… Agir la santé mentale » dans le cadre de la consultation publique en matière de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale.

25) Depuis 2013, le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale de l’OMS, le RRASMQ organise des activités de sensibilisation et de visibilité pour faire connaitre la philosophie et les pratiques de l’Alternative en santé mentale.


À compléter...

Membres, instances ou structures et représentations


À compléter...

Principales sources de financement


À compléter...

Voir aussi


À compléter...

Références


  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Antipsychiatrie