Consommation (Secteur)
Le secteur consommation de l’action communautaire autonome rassemble une trentaine d’associations de consommateurs. Ces organismes communautaires autonomes viennent en aide aux consommateurs en intervenant dans les domaines du budget, du crédit et de l’endettement. Ils réalisent également différentes activités de formation et d’éducation populaire en vue de sensibiliser la population aux enjeux entourant la consommation, le droit des consommateurs et les finances personnelles. Par ailleurs, ils effectuent un travail de recherche et d’analyse qui vient alimenter leurs actions. En tant que groupes de défense collective des droits, les associations de consommateurs font des représentations auprès de différentes instances publiques et privées. Notons finalement que ces organisations sont des lieux d’implication sociale pour près de 300 bénévoles et qu’elles emploient plus d’une centaine de personnes (très majoritairement des femmes).[1]
La quasi-totalité des organismes communautaires autonomes agissant dans le secteur de la consommation sont membres de l’un ou l’autre des deux regroupements nationaux suivants : l’Union des consommateurs ou la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ).
Sommaire
Historique[2]
La création d’organismes spécialisés dans le budget des familles, le crédit et l’endettement, comme le sont les Associations coopératives d’économie familiale (ACEF), les Services budgétaires ou les autres organismes préoccupés par la situation économique des familles (CIBES de Trois-Rivières, SAC de Shawinigan, entre autres), s’inscrit dans le domaine plus large de la protection des consommateurs.
Plusieurs de ces groupes sont aujourd’hui associés à des regroupements nationaux de manière à mettre en commun leurs expertises et à faire des représentations auprès des instances gouvernementales pour modifier les lois et mieux protéger les familles contre les abus possibles des entreprises de produits et services financiers, mais aussi pour améliorer les politiques sociales et fiscales les touchant directement. Les deux principales fédérations sont l’Union des consommateurs et la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ).
Les années 1960
Dès les années 1950, le Québec s’industrialise et s’urbanise. On entre alors de plain-pied dans la société de consommation. Un premier mouvement composé pour l’essentiel de femmes bénévoles voit le jour en 1947 : l’Association des consommateurs du Canada (ACC). Leur mandat est d’abord d’informer les femmes en matière de santé et d’alimentation, et de s’assurer de la qualité des produits consommés.
L’industrialisation du Québec est accompagnée par une syndicalisation accrue des travailleurs. Des responsables syndicaux prennent alors conscience que plusieurs familles doivent composer avec une précarité économique et des taux d’intérêt abusifs qu’imposent les sociétés de crédit. Ils en appellent à la vigilance et cherchent à outiller les familles pour qu’elles maîtrisent mieux leur situation financière.
André Laurin sera un acteur important de cette période en créant et en publiant une première méthode de contrôle budgétaire qui sera imprimée à 100 000 exemplaires. Il formera aussi les premiers conseillers budgétaires qui aideront les travailleurs en grève à Shawinigan et ensuite au Saguenay. Ces premières expériences présideront à la création des ACEF à compter de 1965.
Les années 1970
C’est durant cette décennie que sont mis sur pied, dans plusieurs régions du Québec, les Services budgétaires communautaires, qui offrent également des services de consultation budgétaire et des cours sur le budget. En 1974, à Shawinigan, le Service d’aide aux consommateurs ouvre ses portes.
En 1970, les ACEF se regroupent à l’intérieur de la Fédération des ACEF (FACEF). Le mouvement connaît toutefois une crise interne au milieu de la décennie. Cette crise se traduit par des dissensions et la création, en 1978, de la Fédération nationale des associations de consommateurs (FNACQ). Celle-ci deviendra plus tard l’Action réseau consommateurs (ARC).
Cette même décennie verra apparaître l’Office de la protection du consommateur et le premier Code de la protection des consommateurs (1971). En 1978, le gouvernement promulguera la nouvelle Loi sur la protection du consommateur.
De concert avec le mouvement syndical, plusieurs regroupements préoccupés par la situation financière des familles contribueront, à compter de cette décennie, à la révision du Code civil et formuleront des revendications afin que les gouvernements procèdent à des réformes économiques et sociales : hausse du salaire minimum, augmentation du nombre de logements sociaux, hausse de l’aide sociale, réaménagement de la fiscalité québécoise, etc.
Les années 1980
Les années 1980 sont marquées par le contre-choc de la crise pétrolière. Au Québec, la récession de 1980-1982 est particulièrement difficile. L’inflation passe alors de 6,4 % en 1979 à 12,4 % en 1981. Les taux d’intérêt montent en flèche, oscillant entre 17 et 20 % pour les hypothèques. Le taux de chômage atteint un sommet, à 15,8 %. L’utilisation des cartes de crédit, apparues dans les années 1960, se généralise et s’installe définitivement dans le mode de vie des consommateurs. Les familles voient donc leur niveau de vie piquer du nez et leur endettement augmenter.
Guère étonnant, dans ce contexte, que les ACEF et les Services budgétaires populaires recentrent leurs activités autour de leur vocation initiale, c’est-à-dire le crédit et l’endettement, et qu’apparaissent alors de nouveaux outils budgétaires. On profite aussi de cette expertise terrain pour faire des représentations auprès des différentes instances gouvernementales afin de mettre en place des moyens pour minimiser l’impact de l’endettement sur les familles.
Cette décennie est aussi marquée par le dossier de la MIUF auquel participent activement plusieurs organismes en raison des impacts financiers sur les familles concernées qui doivent assumer les coûts d’enlèvement de cet isolant de leurs murs.
En 1988, le gouvernement fédéral signe l’Accord de libre-échange. Les avis divergent au sein des associations de consommateurs quant aux bienfaits ou aux méfaits d’une telle entente et à son impact sur les familles.
Les années 1990
Les valeurs néolibérales, dont le retrait progressif de l’État, imprègnent la décennie. Au Québec, en 1989, la Loi sur la sécurité du revenu (Loi 37) remplace la Loi de l’aide sociale, ayant comme principal moteur l’intégration au marché du travail. L’année suivante, le gouvernement fédéral sabre dans le régime de l’assurance-chômage et se retire du financement de sa caisse. C’est le début d’une série de réformes qui rendront son accès de plus en plus difficile. Pendant ce temps, les publicitaires et les compagnies de crédit ne chôment pas.
Du côté des associations, on assiste à la création de la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ), dont le mandat initial est de préciser et structurer des interventions pour le financement et la redéfinition de la protection des consommateurs. En 1997, elle s’incorpore et, en deux décennies, elle deviendra l’un des deux principaux regroupements au Québec liés au crédit et à l’endettement. Elle compte aujourd’hui 21 associations provenant de diverses régions du Québec.
La même année, l’ACEF Centre de Montréal modifie ses lettres patentes et devient Option consommateurs. En 1999, l’Association des consommateurs du Québec (ACQ) fusionne avec Option consommateurs, y apportant entre autres son expertise en matière d’assurances, ainsi que sa publication « Jouets » insérée dans le magazine Protégez-vous depuis 1985. Option consommateurs mène des dossiers juridiques et des recours collectifs. Elle a également pour dossiers les services financiers, l’énergie, l’agroalimentaire, les pratiques commerciales et la vie privée.
Les années 2000
Les années 2000 sont marquées par de nouvelles diminutions des mesures sociales, une forte tendance à la dérèglementation, la privatisation et le concept de l’utilisateur-payeur. La prolifération du crédit, sous toutes ses formes, et la progression fulgurante du marché des crédits coûteux et parallèles qui a émergé au début des années 1980 définissent également l’esprit du nouveau millénaire. Comme les institutions financières délaissent les petits prêts destinés aux consommateurs, les prêts sur salaire et les services d’encaissement, notamment, constituent souvent les seules issues pour des ménages à faible revenu confrontés à des difficultés financières. Aussi, les redresseurs financiers et autres intermédiaires gagnent en popularité. Par ailleurs, la décennie se termine avec la crise économique de 2008, qui affectera une fois de plus les finances des ménages.
En 2001, on préside à la création de l’Union des consommateurs, fruit de la fusion de la FACEF et d’Action réseau consommateurs. Option consommateurs, membre de la CACQ depuis les années 1990, devient un organisme indépendant. Option consommateurs et l’Union des consommateurs développent des expertises et pilotent des dossiers dans des domaines de pointe. Elles intensifient leur participation dans les médias, dans l’espace public et auprès des instances règlementaires et gouvernementales. L’Union des consommateurs compte désormais sur l’expertise d’un responsable des communications et d’analystes qualifiés dans les domaines des finances personnelles, des politiques sociales et de la consommation. L’organisme, tout comme Option consommateurs, intente, au nom des consommateurs, plusieurs recours collectifs. Il regroupe actuellement 10 organismes membres provenant de diverses régions du Québec.
L’endettement des familles est endémique et incite tous les organismes offrant des services de consultation à multiplier les rencontres individuelles et les interventions médiatiques sur la situation et sur les solutions possibles pour aider les ménages.
Dans cet esprit, de nombreux comités voient le jour au sein de chacun des regroupements, mais aussi entre eux, pour exercer des pressions, notamment sur les pratiques de recouvrement d’Hydro-Québec auprès des ménages à faible revenu. Sensibles aux questions environnementales, ils entreprennent des actions sur les coûts d’ensemble de l’énergie. Par ailleurs, plusieurs organismes s’associent à un programme gouvernemental d’efficacité énergétique destiné aux ménages à faible revenu, aujourd’hui devenu le programme Éconologis. Pour répondre aux besoins des ménages à faible revenu, plusieurs collaborent avec la Fédération des caisses Desjardins et mettent en place, dans leur région respective, un service de prêts sans intérêt.
D’autres dossiers incontournables marquent cette décennie.
Causant de plus en plus de dommages, le crédit parallèle et les redresseurs financiers sont sous la mire des associations. Pour bien en comprendre le phénomène et proposer des recommandations, l’Union des consommateurs réalise une enquête sur les marchés parallèles du crédit en 2006.
Prenant acte des bouleversements dans le domaine des communications (téléphonie cellulaire, Internet, etc.), les associations interviennent publiquement et auprès des instances concernées afin d’en assurer l’accessibilité aux ménages plus défavorisés, d’encadrer et de limiter les coûts reliés aux différents services et, enfin, de contrer les effets de la dérèglementation, notamment celle de la téléphonie locale, entrée en vigueur en 2007. Plusieurs associations participent aussi au processus de refonte de la Loi sur la protection du consommateur.
Comme les associations doivent composer avec un sous-financement qui limite leur champ d’action, l’Union des consommateurs instaure, en 2008, sa propre fondation dont l’objectif est de soutenir l’action de ses membres.
Finalement, tous se regrouperont pour participer à une campagne commune, amorcée par la CACQ, contre la sollicitation et la publicité sur le crédit, mieux connue sous le nom de Dans la marge jusqu’au cou! Parmi les activités éducatives, les associations participent au concours Endettement Prudence et à celui sur la publicité Les prix du cœur, diffusée auprès des jeunes dans les écoles.
Fin 2008, la CACQ divulgue les résultats de son enquête démontrant les effets néfastes de l’endettement sur la santé. L’année suivante, son sondage désigne la carte de crédit comme étant le principal facteur de l’augmentation de l’endettement des jeunes âgés de 18 à 29 ans.
Les années 2010
Sur le plan social, les années 2010 s’ouvrent avec une privatisation accrue des services publics, dont ceux du secteur de la santé. Cela se traduit, dans la plupart des régions du Québec, par la multiplication des cliniques privées. Par ailleurs, pour renflouer les coffres de l’État, le gouvernement privilégie désormais la tarification des services et une augmentation de la taxation. Autre crise prévisible qui touchera la population vieillissante du Québec : les régimes de retraite sont déficitaires.
Malgré une vive opposition des organismes d’éducation budgétaire et de différentes associations, le gouvernement du Québec abolit, en 2009, le cours d’éducation économique enseigné aux élèves de 5e secondaire. La même année, les besoins en éducation financière étant pourtant reconnus, le gouvernement fédéral met sur pied un groupe de travail national sur la littératie financière. Ce dernier mènera, au début des années 2010, à la création du Groupe d’action sur la littératie[1] financière (GALF), ainsi qu’à l’instauration du Mois de la littératie financière, désormais souligné en novembre de chaque année.
Enfin, comme la situation économique des ménages continue de se détériorer, que les charges fiscales et la taxation touchent de plus en plus la classe moyenne, que l’endettement des familles poursuit son ascension, atteignant même, en 2013, un niveau record avec un ratio d’endettement de 164 % du revenu, les services budgétaires offerts par les différentes organisations à travers le Québec n’ont jamais été aussi pertinents et achalandés.
Parmi les activités les plus récentes des associations et regroupements, on compte toujours la campagne annuelle de sensibilisation au crédit et à l’endettement Dans la marge jusqu’au cou!, le développement d’activités éducatives s’adressant notamment aux jeunes et aux personnes aînées ainsi que la collaboration active des organismes sur des dossiers qui touchent les finances des familles, tels les tarifs d’électricité, le coût des médicaments, la sollicitation et la publicité sur le crédit et les services financiers. Ils interviennent fréquemment lorsque des modifications législatives ou autres sont proposées dans les domaines du crédit et de l’endettement, par exemple, en participant aux consultations sur la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.
Des colloques sur le crédit et l’endettement ont d’ailleurs été organisés au cours des dernières années. Le plus récent est celui de la CACQ : Le marché de l’endettement, tenu en mars 2013.
En 2015, les associations de consommateurs du Québec se regroupent afin de mettre à la disposition des citoyens leur expertise en finances personnelles en offrant ce portail : Toutbiencalcule.ca.
Principales réalisations/événements marquants
À compléter...
Membres, instances et structures
Regroupements nationaux:
Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ)
Voir aussi
La plateforme toutbiencalcule.ca qui rassemble toute une gamme d’informations et d’outils portant sur les finances personnelles.
Références
- ↑ Les informations se retrouvant dans cette section ont été fourni par l'Union des consommateur et la CACQ (mai 2016).
- ↑ L'historique apparaissant ci-bas reproduit le texte "D'hier à aujourd'hui" qui apparaît sur le site www.toutbiencalcule.ca. La reproduction du texte a été approuvé par les auteurs du site.